Guy Bourdin, né le 2 décembre 1928 à Paris et mort le 29 mars 1991 à Paris, est un photographe français de mode et de publicité.
Il est formé à la photographie durant son service militaire, passé dans l’armée de l’air à Dakar, Sénégal (1948–1949)
En 1951, il rencontre le peintre et photographe Man Ray pour lequel il travaille en tant qu’assistant.
En 1952, à la galerie 29, rue de Seine à Paris, Guy Bourdin réalise sa première exposition photographique, avec son catalogue préfacé par son ami Man Ray.
Au début de sa carrière, il est encouragé par le rédacteur en chef de « Vogue France ». Ses premières photos sont publiées dans le numéro de février 1955 de la revue, sous la direction d’Edmonde Charles-Roux, frappée de suite par les images qu’il lui présente.
« Il avait l’air d’un écolier, et ses clichés d’hommes et des femmes nus, montrant seulement leur dos ou leur postérieur à l’appareil. Le sujet choisi était loin de ce qui aurait pu intéresser Vogue, mais la qualité du travail était exceptionnelle. » Edmonde Charles-Roux
Touchée par le talent du jeune homme, il est embauché et devient rapidement photographe attitré de « Vogue », avec lequel il collabore pendant 30 ans, jusqu’en 1987.
En 1967, il débute sa première campagne publicitaire pour le chausseur Charles Jourdan, qui le fait connaître du grand public, une collaboration avec la marque qui dure presque 15 ans, jusqu’en 1981.
Il devient l’un des photographes les plus reconnus dans le milieu de la mode et de la publicité. En parallèle, il collabore au sein du magazine « Harper’s Bazaar » et ses photos sont publiées dans le tout jeune magazine « Photo ». En dehors du milieu de la mode et de la publicité, il réalise aussi des paysages en noir et blanc dans les années 1950 ainsi que des paysages urbains en couleurs dans les années 1970.
En 1972 il travaille pour la version du « Vogue Italia » et en 1974 de celui du « Vogue Anglais ». Il signe également des publications régulières pour « Marie-Claire, ou encore « Biba », continue sa collaboration avec le chasseur Chrales Jourdan, réalise de nombreuses campagnes publicitaires pour Gianfranco Ferré, Claude Montanta et Chanel.
En 1985, il refuse le grand prix national de la Photographie qui lui est attribué par le ministre de la culture, prix qu’il trouve totalement inutile. En revanche en 1988, il accepte avec le parrainage de la photographe Annie Leibovitz, l’ « Infinity Award » décerné par l’ « International Center of Photography » de New-York, pour sa campagne publicitaire de 1987 pour la marque Chanel.
En 2003, le « Victoria & Albert Museum » de Londres lui consacre une grande exposition rétrospective. La même année, la chanteuse Madonna, grande admiratrice du photographe reprend plusieurs de ses photographies pour son clip « Hollywood ».
Au début des années 50, il effectue des photographies pour Vogue, plaçant les top-modèles, au milieu de têtes de veau, d’un plat de choucroute ou encore de cornets de glaces. Il passe des heures sur le détail d’une image et ne souhaite pas que ses photos soient conservées dans une simple boîte à chaussures.
Guy Bourdin ne se souci guère de son aura, encore moins de son héritage et vit dans l’anonymat le plus complet. Il est considéré avec Helmut Newton, un rénovateur de la publicité de mode, et avec un travail qui colle au mouvement surréaliste. Digne héritier de Man Ray, dont il est l’assistant et ami au début des années 50, il adore la perfection, sa vision est de mêler rêve et réalité. L’extrême sensualité de ses images mêlée aux mises en scène surréalistes révolutionne le domaine de la photographie de mode, dans les années 60-70.
Le surréalisme depuis le début de sa carrière est son mot d’ordre, il partage une certaine ironie et un sens du paradoxe, de l’absurde, ses modèles sont des objets pop, réduits en morceaux par une fantaisie aiguë, ainsi qu’une prédilection pour les détails dans un ensemble parfaitement orchestré, il adopte le goût d’une sensualité entre glamour et érotisme.
Il est au coté d’Helmut Newton, un véritable dictateur artistique, la femme est puissante, elle marche vers l’appareil, en fixant l’objectif comme pour le défier du regard, elle sourit peu, mais le fait de façon sardonique, ses modèles sont jeunes et espiègles comme des poupées mécaniques prenant toutes les positions imposées par le photographe, avec des maquillages omniprésent et des rouge à lèvres frappant, qui leur donne une apparence de jouets parfaitement peints qu’il transforme en pastiche de la mode.
« Je m’efforce de laisser cette chose imperceptible qu’est l’objectif agir indépendamment lorsqu’il se retrouve face à son sujet. » Guy Bourdin
Provocatrices, sensuelles ou fuyantes, les femmes de Bourdin sont plongées dans un univers proche du surréalisme, du bizarre, d’une beauté cru, avec une esthétique ultra pointue, elles vivent et transpirent par l’image. Il veut affirmer au travers de ses clichés que l’image est plus forte que le motif, il se forge une morale visuelle qui lui permet de faire sauter les verrous de la frivolité, du glamour, de la décoration. Il lui reste alors à faire marcher son usine à idées, il devient l’auteur de mises en scènes hautement sophistiquées, suggérant un récit d’une complexité rare, Guy Bourdin ne prend pas des photos, il réalise des images, des tableaux.
« Une photographie vole votre âme. » Guy Bourdin
Ses images sont celles d’un artiste visionnaire, elles trahissent deux obsessions évidentes, le sexe et la violence, il sait avant tout le monde qu’ils vont devenir les facteurs les plus importants de notre société. Son travail traite de la vie, mais ce qui l’intéresse le plus, ce qu’il veut décrire, c’est la vie.
Son œuvre se caractérise par des images troublantes, souvent provocatrices et mystérieuses, qui instaurent un changement radical dans la manière d’aborder les campagnes publicitaires dans le domaine de la mode. Personne avant lui, n’a jamais réussi à allier la beauté d’un vêtement et d’une paire de chaussure.
Sa conception démontre que ce n’est pas le produit désigné qui attire le consommateur mais l’imagerie qui le porte, réalisé par une mise en scène d’un récit sensuel favorisant les fantasmes, par une illustration de rêves inaccessibles. Ses photographies sont très léchées, éclairées crûment et les couleurs extrêmement fortes, à la limite du fluo.
Les modèles posent dans des positions provocantes et souvent inconfortables, dans des décors claustrophobiques. Son goût du cadrage, sa saturation des couleurs, et son rouge omniprésent ainsi que l’utilisation de ses mannequins renvoient au septième art, un mystère non loin des films de David Lynch, esthétiquement proches de la perfection, jamais limpides sur le fond.
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